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debout. Elle ne sait plus que faire pour se singulariser !…

M. Dax haussa les épaules, et le dîner fut silencieux.


On avait servi le café.

— P’pa, – risqua le jeune Bernard, – tu le sais, que M. Barrier s’est battu en duel ?

M. Dax se tourna vers son fils :

— Comment le sais-tu, toi ?

— C’est deux types de ma classe qui racontaient ça, tantôt, à la sortie. Ils étaient allés au Grand Camp ce matin, à bicyclette, et ils ont tout vu, du haut de la digue. Il paraît que c’était épatant. Au premier coup de pistolet, M. Barrier est tombé, et l’autre aussi. Alors une dame qui attendait dans une voiture s’est précipitée pour le ramasser, – pas M. Barrier, l’autre. On les a pansés tous les deux et puis emportés chacun de son côté. Il y avait du sang par terre. Et quand tout était fini, les sergents de ville qui gardent l’entrée du parc sont arrivés.

M. Dax, un pli au front, écoutait. Madame Dax, bouche bée, avait posé sa tasse. Personne ne songeait à regarder mademoiselle Dax.

— Oui, – dit enfin M. Dax, sec. – Tout cela est exact. Le docteur Barrier s’était pris de querelle hier soir avec… – M. Dax s’interrompit, et jeta sur madame Dax un coup d’œil sarcastique : – Mes compliments, au fait ! je n’y pensais pas : vous choisissez agréablement vos relations de voyage. Je vous avais prié, quand vous étiez à Saint-Cergues, de rendre