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pour me donner mon petit sac ?… je l’ai laissé dans mon manchon, je crois…

Un bruit de chaise remuée se fit entendre dans la loge. Et Fougères sentit soudain, sur ses cheveux, la caresse d’une main furtive…

Il eut très chaud. Une sueur légère perla à ses tempes. Machinalement il l’essuya d’un doigt. Et, dans ce geste, il frôla encore la main qui avait caressé ses cheveux, et qui, maintenant, pendait, négligente, hors de la baignoire…

Fougères, d’un coup d’œil, examina la salle aux trois quarts vidée par l’entr’acte. Nulle lorgnette n’était braquée sur lui, personne n’épiait son manège. Prompt, il saisit la main pendante, et, haussant ses lèvres, la baisa.

La main frissonna sans doute, et, par contagion, l’épaule après la main. Sans doute aussi, à cet instant même, le docteur Barrier admirait vaniteusement le bras très beau de sa nouvelle conquête… Fougères vit, au-dessus de lui, une barbe blonde penchée brusquement ; et il entendit une voix violente qui proférait, beaucoup trop haut pour ne pas frapper toutes les oreilles alentour :

— Dites donc, vous !… qu’est-ce qui vous prend ?… En voilà un goujat !…

Et il y eut, naturellement, scandale.


Bertrand Fougères, insulté, avait fait deux pas en arrière. Il serra les poings. Une colère imprévue, injuste et féroce, le soulevait contre cet imbécile dont