Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

murmura la phrase adorable : « Vous ne le savez pas, que vous êtes jolie ?… »

Sur la chaise qui craqua, le corps de mademoiselle Dax ploya un peu… une langueur s’insinuait dans toutes les fibres de ce corps abandonné.

Et la voix évoquée répéta aux oreilles bourdonnantes : « Vous ne le savez pas ?… vous ne le savez pas, que vous êtes mieux que jolie, tentante, ensorcelante ?… et que tous les hommes, et que moi-même, rêvons de vous après vous avoir aperçue ?… »

Secouée soudain d’un frisson violent, mademoiselle Dax fut debout. Ses tempes battaient très fort. Elle chancela. Le rêve tournoyait encore dans sa tête. Elle fit trois pas, les mains en avant, et toucha la glace de l’armoire.

Il faisait tout à fait nuit maintenant. Mademoiselle Dax tourna le commutateur électrique. La chambre s’éclaira. Le miroir refléta le visage un peu pâli, les yeux un peu cernés, « et le front chaste, et les joues enfantines, et la bouche sensuelle, et la taille mince, et la gorge ronde… »

Mademoiselle Dax, très longtemps, se contempla. Un sourire entr’ouvrait ses lèvres. La blancheur mouillée des dents brillait.

Comme fascinée par sa propre image, mademoiselle Dax peu à peu s’en rapprocha. Et ses yeux, trop près de la glace, cessèrent de voir.

Alors elle tressaillit des orteils aux cheveux… Elle gonfla sa poitrine d’une aspiration éperdue… murmura par deux fois :