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— Je suppose qu’il cherche ailleurs… Il s’est fâché d’abord… parce que p’pa n’avait pas voulu l’avertir, espérant que je changerais d’idée… Alors il est venu à la maison comme d’habitude. Mais je n’ai pas quitté ma chambre. Et il a bien fallu qu’on lui dise… Il s’est disputé avec p’pa et, à la fin, il est parti en claquant la porte.

— Bon !… La situation est nette. Mais vous ?

— Moi…

Mademoiselle Dax, très mélancolique, a baissé la tête. Fougères, ému, pose la main sur le manchon qui tressaille, et, à travers la fourrure molle, presse les mains cachées…

— Vous !… Vous, petite fille, vous avez toute votre vie à vivre et, grâce à Dieu, rien n’en est encore compromis, puisque vous voilà délivrée de ce sot mariage !… Quel âge avez-vous ? Vingt ans ?… Vingt ans, et des yeux comme ceux-là, tout noirs et tout neufs !… Les épouseurs vont faire queue à votre porte, et vous n’aurez qu’à choisir.

Mademoiselle Dax hoche la tête de plus belle :

— Vous savez bien… vous savez bien ce que je vous ai dit : je ne connais personne… je ne vais jamais dans le monde…

— Le monde viendra à vous ! Croyez-vous que vous puissiez seulement passer dans la rue sans être remarquée ?

— Remarquée… peut-être. Mais pas recherchée !… Pas aimée !… On n’aime que les femmes jolies !…

— Eh bien ?