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main une femme émue qui ne parlerait pas. Il faudrait goûter la fraîcheur de ce bois qui sent l’automne, et prolonger la promenade jusqu’à la nuit très noire, et reculer l’heure tentante du retour dans l’ombre, du retour où les bras s’enlacent et où les bouches se mêlent… Ainsi on mériterait la joie divine de frissonner ensemble et de trembler à deux, sous le froid lunaire et sous la peur superstitieuse qui hantent les forêts nocturnes… Et l’on échapperait à la vie quotidienne pour entrer miraculeusement dans le royaume du rêve…

Et comme il en était là de sa songerie, une robe claire apparut parmi les troncs des tilleuls et des hêtres. Et mademoiselle Dax, accourant à pas précipités, franchit le petit pont qui était au bout de l’allée mystérieuse.