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— Pourvu que le coup ne soit pas pour la banque ! Il suffisait de deux « trente-et-un »…

Mais le tailleur proclama :

— Sept !… Cinq !… Rouge gagne et la Couleur perd !…

Il y eut un bruit sec de chaise repoussée. Mademoiselle de Retz s’était levée, parfaitement calme, quoique pâle. Et d’un pas de reine, elle s’en allait, elle marchait vers la porte, tête haute et front dédaigneux. Des joueurs oublièrent de pointer leurs cartons pour la regarder. Fougères, indécis, fit un pas vers elle. Mais il n’osa pas lui offrir le bras. Il la suivit de loin, peu soucieux de s’exposer à une rebuffade publique.

Mademoiselle de Retz traversa les trois salles, puis l’atrium. Sur le perron extérieur, Fougères, enfin, la rejoignit :

— Carmen…

Elle ne tourna pas la tête vers lui. Elle ne répondit pas. Elle marcha plus vite.

— Carmen, voyons !…

Elle prit à droite, elle descendit les premières pentes du jardin. Une allée s’enfonçait sous les magnolias noirs, une allée étroite et sinueuse, odorante et secrète. Mademoiselle de Retz s’y engagea, et sa robe fut dans le bois nocturne comme une tache lunaire.

Fougères, cependant, hâtant le pas, avait saisi le bras de sa maîtresse :

— Je vous en supplie…

D’une secousse elle s’échappa et courut droit devant elle, comme une bête poursuivie. Il prit peur : l’allée