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faisait beau. « Les mauvais temps » redoutés n’étaient pas venus encore. Octobre ressemblait à juin, et le soleil d’été s’attardait, un soleil terni cependant par les tout premiers brouillards.

Mademoiselle Dax, depuis le matin, s’efforçait de ne paraître ni distraite, ni maussade, ni songeuse. Et sans doute y avait-elle réussi mieux qu’à l’ordinaire, puisque madame Dax, quoique toujours aux aguets, n’avait pas trouvé l’occasion d’un reproche.

— Beau-père, – proposa M. Barrier, – vous n’avez pas encore fait ici le tour du propriétaire, et je ne vous en tiens pas quitte. Allons, videz votre verre, et en avant ! Je veux vous montrer toute la maison et tout le jardin, et vous me direz ensuite si mademoiselle Alice ne sera pas confortablement installée ici, l’an prochain, pendant la saison chaude !

Complaisant, M. Dax visita la cuisine et l’office, au rez-de-chaussée, les trois chambres et le somptueux cabinet de toilette au premier étage. Madame Dax loua sans réserve l’élégance du mobilier modern-style, et le bon goût des tableaux accrochés aux murs.

— Quand j’ai acheté la campagne, – expliquait le docteur Barrier, non sans orgueil, – tout y était meublé en dépit du bon sens. L’ancien propriétaire, un fermier, avait d’abord habité sa maison, puis l’avait louée ; et le locataire, une espèce de maniaque, avait laissé tout en place, les vieux bahuts de chêne, la table carrée, le coucou détraqué et la huche à pain ! On se serait cru chez des paysans. Moi, comme bien vous pensez, j’y ai mis bon ordre, et j’ai envoyé ces