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V


La « campagne de garçon » du docteur Barrier était une maisonnette agréable qui se cachait au milieu d’un assez grand jardin.

Lyon, cité austère, n’admet pas que ses jeunes gens donnent en public le spectacle de leurs fredaines. La banlieue discrète s’offre plus décemment à cet usage. Et le docteur Barrier, soucieux de ne point choquer les bonnes mœurs, avait choisi, pour y installer sa garçonnière, le coin le plus retiré de ce joli village d’Ecully, qui est le refuge favori de la bourgeoisie lyonnaise durant les dimanches d’été.

Maintes fois, la maisonnette avait hébergé des hôtes joyeux et des hôtesses plus joyeuses. Toutefois, rien n’apparaissait de ce passé scandaleux, et la salle à manger, toute tendue d’une honnête cretonne à fleurs, semblait faite exprès pour recevoir une fiancée.

Le déjeuner était fini. Un coude sur la table, M. Dax dégustait le vieux marc de Bourgogne qu’on venait de lui servir.

— Cadeau d’un client, – avait fait observer, non sans fatuité, le docteur.

— Vous avez de la chance, vous autres médecins, – avait à propos répliqué madame Dax.

Le déjeuner avait été on ne peut plus cordial. Il