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les lèvres. Mais l’instant d’après, il avait mis pied à terre, et fait ses adieux, chapeau bas.

— … Il partait, oui… madame Terrien l’avait bien prédit, qu’une brusque nostalgie de civilisation l’arracherait tout d’un coup à la Suisse… ça l’avait exactement pris la veille au soir… Un mois de son congé lui restait encore ; il le passerait probablement à Monte-Carlo !…

— Seul ?… – avait questionné mademoiselle Dax, la voix un peu rauque, et les yeux obstinément fixés sur un caillou du chemin.

— Seul… oui… Je ne sais guère encore…

Il avait hésité, la regardant en dessous, à petits coups d’œil curieux. Peu à peu, ses lèvres s’étaient pressées l’une contre l’autre, comme pour contenir un sourire. Et prenant enfin son parti :

— Non… pas seul !…

Carmen de Retz allait le suivre à deux jours d’intervalle, le laps minimum pour que les apparences fussent sauves. À cause de madame Terrien, – par respect pour son hospitalité, – il ne fallait pas trop avoir l’air de deux canards qui ont mangé la même ficelle… Mais ce n’était qu’une question de décorum.

— N’allez surtout pas imaginer des choses !… Cette pauvre Carmen en a simplement assez, pour le moment, de ses Filles de Loth. Elle veut s’octroyer un mois de repos, et je lui ai tout bonnement offert de la chaperonner.

Mademoiselle Dax, changée en statue, était devenue rouge d’abord, et très pâle ensuite.