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II


Une affaire, – murmura mademoiselle Dax, toute seule dans sa chambre. – Une affaire… Mon mariage est une affaire.

Par la fenêtre, la clarté d’octobre entrait, blafarde. Une bise aigre grelottait contre les vitres.

— Une affaire, – répéta mademoiselle Dax, songeuse au fond de sa bergère. – Le mariage de madame Terrien était une affaire aussi…

Mademoiselle Dax se leva, et fit à pas lents deux tours par la chambre. Puis elle s’arrêta près du lit. Il y avait sur ce lit, qui fréquemment servait de fouge à mille objets hétéroclites, un album de cartes postales.

Mademoiselle Dax, comme juste, faisait collection de cartes postales. L’album était épais et plein aux trois quarts. Paysages, costumes et reproductions dites artistiques s’y mêlaient à force belles dames magnifiquement coloriées de teintes pâles, ainsi qu’à beaucoup de ces scènes de genre qui tapissent tous les kiosques à journaux, et qui s’enrichissent de légendes rimées d’une sentimentalité toute populaire. Mademoiselle Dax préférait cette dernière catégorie.

L’album était ouvert à la dernière page. Une dizaine de cartes nouvelles venaient d’y prendre leurs places.