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vous m’étonnez ! Un enfant serait plus sérieux !…

MM. Dax et Barrier, l’un à droite, l’autre à gauche de la cheminée se faisaient pendant. Entre leurs fauteuils, le guéridon à fumer mettait à portée de leurs mains cigares, allumettes, cendriers et la petite guillotine classique. Derrière la porte fermée du salon, le piano de mademoiselle Dax entonnait une mélodie incertaine qui différait sensiblement des Mousquetaires au Couvent de naguère…

On était au premier dimanche d’octobre. L’avant-veille, madame Dax, Alice et Bernard étaient rentrés de Saint-Cergues. Et l’on venait de dîner en famille pour la première fois depuis deux mois.

— Papa Dax, – riposta M. Barrier, sans se troubler, – je suis sérieux comme le pape. Et si même j’ai dit la première quinzaine de novembre, c’est qu’il est impossible de mener l’affaire plus rondement. Sans quoi, je vous prie de croire que j’aurais réclamé la seconde quinzaine d’octobre. Vous me connaissez assez, j’imagine, pour ne pas attribuer ma grande hâte d’en finir à des enfantillages d’amoureux. Non ! la vérité c’est qu’il faut que, précisément, mon mariage coïncide avec la reprise des affaires. Il faut que tout Lyon, en se remettant à la besogne d’hiver, soit dûment informé que le docteur Barrier, allié désormais au marchand de soie Dax, s’installe dans son nouveau cabinet, aux Brotteaux. Vos affaires à vous ne souffriront pas d’une interruption de quarante-huit heures ; et les miennes exigent que mon ancienne situation soit liquidée en cinq secs.