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XII


L’invitation de madame Terrien prit madame Dax au dépourvu. Le tricot tomba sur les genoux, les mains pianotèrent la jupe. Trois secondes, madame Dax hésita, et cette hésitation lui fut fatale, Madame Terrien, péremptoire, cita le proverbe :

— Qui ne dit mot consent. Voilà donc une affaire entendue.

— Mais, – madame Dax essayait de lutter pour la forme, – mais où serait-ce, ce pique-nique ?

— N’importe où, ça n’a aucune importance. Où vous voudrez.

Fougères, très sage sur sa chaise, appuya :

— On ira tout droit devant soi, chère madame.

Et il sourit discrètement vers mademoiselle Dax, comme une allusion mystérieuse à leurs promenades du matin.

Mademoiselle Dax, les yeux baissés, se taisait. Quoique avertie de la visite et mise en garde, elle était fort inquiète et son cœur battait. Cette réunion de sa mère et de ses amis lui semblait pleine d’embûches et elle tremblait de la tête aux pieds en songeant qu’une seule parole imprudente pouvait ouvrir les yeux vigilants de madame Dax, et lui révéler le pot aux roses, – à savoir que depuis quarante jours