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fait, je n’y comprends plus rien ? Vous qui prêchez partout « le droit à l’accouplement, et la régénération des femmes par le baiser libre, » – hein, je cite juste ?

— Fougères, – protesta madame Terrien du fond de sa chaise longue, – Fougères !… Ça s’écrit, ces choses-là : ça ne se déclame pas !…

— Même, ça devrait ne pas s’écrire !… Mais passons… Vous, la féministe, la nihiliste, l’insurgée !… vous qui vous vantez d’avoir des amants, des tas d’amants…

— Ces jeunes filles, – glissa la voix flûtée de madame Terrien, – quelle imagination !…

— Ah ! comme je suis de votre avis, chère madame !… Mais passons… Vous, la dévergondée, qui m’avez embrassé sur la bouche… je dis bien : sur la bouche !… oui : il y a six semaines, sur le Signal, un matin qu’il ne pleuvait pas…

— Dieux !… qu’entends-je !… Fougères… c’est atroce d’être indiscret comme ça !…

— Mais non !… mais non !… rassurez-vous, petite madame : c’était un baiser tout esthétique, échangé dans une heure de grande poésie… Vous voyez !… Mais passons… Vous, Carmen de Retz… et ce nom dit tout… vous qualifiez d’imprudent et de malpropre le tripotage, d’ailleurs putatif, auquel se seraient livrés – agréablement – Bertrand Fougères, homme libre, et Alice Dax, fille libre ?

— Mon cher, – déclara posément mademoiselle de Retz, – vous parlez avec une grande éloquence, –