Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oh ! je vous crois volontiers mal faits l’un pour l’autre… Mais il n’est pas indispensable d’être des âmes sœurs pour se tripoter agréablement dans les petits coins.

— D’accord. Je ne tripote cependant pas. Il me semblait d’ailleurs vous avoir exposé à différentes reprises le plaisir très modéré que je ressens à tripoter. Que voulez-vous, ma chère ! je suis vieux jeu. Je crois encore, dur comme fer, à cette chose préhistorique que vous avez talentueusement pulvérisée dans votre dernier bouquin, — l’amour. L’émotion sensuelle me paraît être une sœur siamoise de l’émotion tendre. Et je laisse ce tripotage à froid, que vous voulez bien nommer agréable, aux demoiselles de pensionnat et aux potaches.

Mademoiselle de Retz railla :

— C’est beau, d’être un merle blanc parmi les merles noirs.

Fougères riposta :

— Beaucoup de merles sont blancs ; mais ils se teignent, pour mieux plaire aux merlettes, toutes couleur de suie. Lisez Musset !…

Il sourit fort gracieusement, et vint offrir ses tasses de café turc. Carmen de Retz but, et ne désarma pas.

— Ainsi donc, vous ne faites pas la cour à mademoiselle Dax… Tant mieux pour vous deux…

— Pourquoi tant mieux ?

— Parce que c’eût été imprudent de sa part, et malpropre de la vôtre.

— Les grands mots qui arrivent ! Malpropre ! Au