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de neige… mais il fallait rester près de la chaise à tricotage. Madame Dax avait souci de la santé de ses enfants plus que de la sienne propre. Bernard, docile et sournois, utilisait ces trois heures de cage à repasser ostensiblement tous ses livres de classe. Alice essayait une gamme au piano, feuilletait les journaux illustrés de la grande table, et détournait la tête pour bâiller, – ou s’enfonçait dans un fauteuil pour y songer on ne savait à quoi, les poings dans les joues et le front bas.

Madame Dax ne goûtait pas cette attitude, qu’elle nommait rêvassière. Une fois de plus, voyant sa fille s’y abandonner, elle l’interpella aigrement :

— Alice ! te voilà encore à dormir tout éveillée ?

À l’ordinaire, mademoiselle Dax répondait à l’appel maternel avec la prompte résignation d’un caniche bien dressé. Mais depuis quelque temps, le dressage semblait compromis, et le caniche était moins philosophe. Madame Dax dut réitérer sa remontrance :

— Alice, je te parle !

Mademoiselle Dax, cette fois, répondit. Mais son « oui, m’man…. » fut tiède. Et sa tête pensive ne se releva pas d’entre ses mains.

Or, madame Dax venait précisément de laisser tomber trois mailles de son tricot, infortune bien faite pour ne point lui adoucir l’humeur :

— Ma fille, – commença-t-elle énergiquement. Et pivotant sur sa chaise, face à la rêveuse, elle planta ses aiguilles dans son bas, pour sermonner plus à l’aise. Un discours en trois points suivit, réquisitoire