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X


Madame Dax avala sa tasse de café et souligna par une grimace l’indignité de cette drogue d’hôtel, si différente du breuvage délectable qu’on élaborait avenue du Parc, d’après des recettes connues de madame Dax seule.

Après quoi, méprisante, elle rassembla d’un signe son fils et sa fille, et se leva de table pour passer au salon, où son ouvrage l’attendait.

C’était le rite de chaque après-midi. Du déjeuner à la promenade, madame Dax tuait trois heures d’horloge à tricoter des bas de laine pour les pauvres de sa paroisse. Maniaque d’ordre en cela comme en toutes choses, elle accomplissait toujours cet acte immuable dans le même laps et sur la même chaise, qu’elle plantait invariablement dans le même coin du hall, le coin exempt de courant d’air. Les courants d’air inspiraient à madame Dax une crainte sentencieuse. Et quoique la terrasse fût très bien ombragée d’une tente et qu’on y pût travailler fort à l’aise, devant le plus beau site alpestre des environs, madame Dax lui préférait le salon, clos aux vents coulis.

Mademoiselle Dax, elle, eût mieux aimé la terrasse, et le chatoiement vert des bois proches et des prés lointains, et la moire bleue du lac, et l’horizon dentelé