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JEAN-PAUL

À trois heures, les comités vont inviter les professeurs. L’entrée est triomphale dans la salle de récréation. Le Père Lavigne arrive flanqué du président et du vice-président ; toute la classe se lève et applaudit. Le Père Lavigne prend la place d’honneur, complimente les artistes qui ont décoré la table. Mais trêve de paroles. Il y a là des choses qui attendent plus que des mots. Les yeux avides des élèves le disent assez.

— « Alors par quoi commence-t-on ? » demande le Père.

— « Par la « tire », répondent tous en chœur.

Le président d’office saisit un couteau et décolle la plus belle croquette qu’il offre au président d’honneur. « En effet, dit le Père, à la Sainte-Catherine, il faut commencer et finir par la « tire ». Mais dites donc, vous autres, les forts en histoire, pourriez-vous me raconter l’origine de la « tire » au Canada ? »

— Ma grande surprise, répond Jean-Paul, la bouche un peu embarrassée, c’est que ce héros n’ait pas encore son monument.

— Qu’en savez-vous ? corrige le professeur. L’héroïne, car c’est une femme, tient une belle place dans notre galerie historique ; mais elle a fait autre chose que de la « tire ». D’après une vieille tradition, Marguerite Bourgeoys aurait introduit chez nous cet usage de servir de la « tire » à la mélasse, le jour de la Sainte-Catherine. Peut-être