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JEAN-PAUL

cher, si ce n’est par des conseils très succincts. Faire en sorte que ses petits frères ne l’irritent pas, ne s’aperçoivent même pas de ses allures étranges. Plus on fera cas de ses manies, plus il sera porté à les accentuer.

Monsieur le Curé prononçait ces paroles lentement, à la façon de sentences, tout en faisant tourner son bréviaire sur la table du bureau, comme pour scander sa pensée. Puis il ajouta en conclusion :

— Ne manquez pas d’informer le Père Supérieur de la manière dont Jean-Paul a passé ses vacances. Si vous pouviez aussi voir son directeur de conscience ! Vous comprenez, madame, dans les collèges aussi bien qu’ailleurs, l’action sur la masse ne manque pas d’efficacité, mais il faut y ajouter l’action sur les individus. Avec notre vie intense, la personnalité des enfants s’éveille tellement vite aujourd’hui, qu’une direction d’ensemble ne suffit plus ; les âmes ont besoin d’être touchées une à une, d’être conduites selon leurs tendances particulières. Quand un élève accepte de bonne grâce les secours d’un maître avisé, il possède alors les meilleurs moyens de perfectionnement moral. Le prêtre est tout désigné pour cet office, parce qu’il pénètre plus facilement dans le secret de la conscience où se trouve le ressort essentiel de la volonté. Voilà, madame, mon avis !

Un peu réconfortée, madame Forest se leva, remercia et prit congé. À côté du presbytère, sur