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Chapitre IV

PREMIÈRE BLESSURE

Assise sur la véranda d’en avant, Madame Forest paraissait soucieuse et distraite. À tout instant, elle interrompait son tricotage et regardait du côté du lac. Elle était bien décidée d’intervenir, non pas seulement par des allusions, mais par une défense formelle. Cela ne pouvait durer davantage. Et pourtant, elle ne voulait pas causer de chagrins inutiles. Pour se rassurer, elle relut la lettre-préface du révérend Père Supérieur dans l’Annuaire du Séminaire. Le Père Supérieur recommandait à ses enfants la prudence dans leurs relations, la garde du cœur, etc. « Comme c’est difficile de bien élever des garçons ! soupira-t-elle. L’embarras n’est pas tant de faire son devoir que de le bien connaître. À certains jours, il semble que ces grands enfants nous échappent, qu’ils découvrent des mystères loin de notre portée. Et nous voilà tout intimidés devant eux, quand il faudrait leur donner des ordres. Mais enfin, cette fois, il n’y a pas de doute ! »

La pauvre mère remuait ces idées dans sa tête grisonnante, quand Jean-Paul parut au détour