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amant de l’Automne : on verra la vigueur d’un vieillard qui sait parler, qui sait boire et qui sait délirer avec les Grâces.

LIII.

Sur les amants

Les chevaux portent sur la croupe l’empreinte d’un fer brillant ; le Parthe se reconnaît à sa tiare ; moi je reconnais de suite ceux qui aiment : ils portent dans le fond de leur âme un cachet de triste inquiétude.

LIV.

Sur lui-même

Déjà mon front est dépouillé, ma tête blanchit, l’aimable jeunesse s’est enfuie loin de moi ; mes dents même ont vieilli. Il ne me reste plus longtemps à jouir des douceurs de la vie. Pour moi qui redoute le Tartare, cette pensée me tire souvent des soupirs : l’aspect de ce séjour est affreux, la pente qui y conduit est horrible. Tous les mortels y descendent : nul n’en connaît le retour.

LV.

Sur lui-même

Allons, enfant, apporte-moi une large coupe, que je boive à longs traits. Mélange cinq mesures de vin vieux avec dix mesures d’eau afin que nul excès ne vienne troubler les joies de Bacchus…

Allons, verse du vin ; mais point de cris, point de tumulte ; gardons-nous d’imiter l’ivresse brutale des Scythes : buvons, buvons au milieu des chants les plus aimables.

LVI.

Sur l’amour

Je chante l’Amour, ce gracieux enfant ! Son front est paré de mille fleurs ; c’est lui qui est le vainqueur des dieux, c’est lui qui dompte les mortels.

LVII.

Sur le printemps

Qu’il est doux de s’égarer sur des gazons émaillés que le zéphyr caresse de sa délicieuse et suave haleine, d’admirer les richesses de Bacchus, et sous l’ombre heureuse des pampres d’étreindre en ses bras une jeune fille respirant Vénus tout entière.

LVIII.

Sur lui-même

Donnez-moi la lyre d’Homère sans la corde des combats. Apportez les coupes des festins ; apportez-moi des œillets, je les mêlerai. Après avoir bu, je danserai gaiement dans ma sainte fureur, je chanterai sur ma lyre le pétulant Bacchus.

LIX.

Sur un tableau

Allons, peintre distingué, écoute les accents de ma Muse lyrique : peins les villes s’abandonnant les premières aux ris et à la gaieté ; peins les Bacchantes folâtres qui aiment les jeux et les flûtes aux doubles sons ; et si la cire le permet, peins-nous les lois des amants.

LX.

Sur une jeune fille

Jeune et belle cavale de Thrace, pourquoi ce regard inquiet, pourquoi cette fuite précipitée : tu me crois donc sans adresse et sans force ? Apprends que je puis te courber sous le frein, et, tenant la bride, te lancer en vainqueur dans la poussière de l’arène. Maintenant tu folâtres dans les pâturages où ta légèreté joue et bondit, car jusqu’ici aucun habile écuyer n’a su te dompter.


Fragmens

Sur l’amour

Ô souverain, ô tyran des cœurs ! La belle Vénus et les Nymphes aux tendres regards courent légèrement avec toi sur le sommet des montagnes : Amour, écoute favorablement mes