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viande solide, telle que celle du bœuf. Dromeus, de Stymphale, athlète coureur, s’étant relâché sur ce point de discipline, les autres l’imitèrent bientôt et en vinrent par la suite à un point de dissolution et de voracité incroyable. Nous en avons une preuve frappante dans Milon de Crotone, qui mangea en un jour un taureau de quatre ans qu’il avait assommé d’un coup de poing, après l’avoir porté sur ses épaules dans toute la longueur du stade. Cet athlète avait peine à se contenter, pour sa nourriture ordinaire, de vingt mines de viande, d’autant de mines de pain et de trois conges de vin : les vingt mines équivalent à vingt de nos livres, et les trois conges environ à quinze litres.

Les neuf premiers mois de gymnastique préparatoire étaient consacrés à des exercices au choix des athlètes. Ils devaient se livrer le dixième à tous ceux en usage dans les jeux. Avant que d’être admis à combattre, ils subissaient encore d’autres épreuves : par rapport à la naissance, il fallait être Grec ; par rapport aux mœurs, elles devaient être à l’abri de tout reproche. Ainsi le condamné pour crime notoire, et même ceux qui lui appartenaient par les liens du sang, ne pouvaient être admis. Enfin, par rapport à la condition, il fallait être libre. Celui qui tentait de suborner son adversaire était puni d’une amende. Il devait encore, ainsi que ses parens, s’engager à n’employer aucun moyen frauduleux pour s’assurer la victoire. On ne doit pas confondre ici l’adresse d’un athlète habile dans toutes les souplesses de son art, qui sait esquiver à propos, donner subtilement le change à son antagoniste et profiter des moindres avantages avec cette lâche supercherie qui, sans nul égard pour les lois prescrites, emploie les moyens les plus injustes pour vaincre son adversaire.

Les athlètes se faisaient frotter avant les exercices, et par là donnaient à leur corps une grande souplesse ; mais comme ces onctions rendaient leur peau trop glissante et leur ôtaient la facilité de se colleter et de se prendre au corps avec succès, ils remédiaient à cet inconvénient, tantôt en se roulant sur la poussière de la lice, tantôt en se couvrant réciproquement d’un sable très-fin, réservé pour cet usage dans les xystes, ou portiques des gymnases. Ils se ceignaient d’abord d’une espèce de ceinture ou d’écharpe, pour paraître plus décemment dans les combats ; mais dans la suite, l’aventure d’un athlète, à qui la chute de cette écharpe fit perdre la victoire, donna occasion de sacrifier la pudeur à la commodité, en retranchant ce reste d’habillement. Cette nudité n’était d’usage parmi les athlètes que dans certains exercices, tels que la lutte, le pugilat, le pancrace, la course à pied, le saut, etc.

On appelait stade, chez les Grecs, l’endroit où les athlètes s’exerçaient entre eux à la course et celui où ils combattaient sérieusement pour les prix. Il était situé sur le penchant de la colline Cronium et non loin des bords de l’Alphée. Comme il n’avait d’abord qu’une stade de longueur (600 pieds), il prit le nom de sa propre mesure, et l’on comprit sous cette dénomination, non-seulement l’espace parcouru par les athlètes, mais encore celui qu’occupaient les spectateurs des combats gymniques. Le lieu où combattaient les athlètes s’appelait Skamma, parce qu’il était plus bas et plus enfoncé que le reste. Des deux côtés du stade et sur l’extrémité régnait une levée ou espèce de terrasse garnie de sièges et de bancs où étaient assis les spectateurs. Les trois parties remarquables du stade étaient l’entrée, le milieu, l’extrémité.

L’entrée de la carrière, d’où partaient les athlètes, était marquée d’abord par une simple ligne tracée suivant la largeur du stade ; elle recevait les noms de aphesis, grammê. On y substitua ensuite une espèce de barrière, qui n’était qu’une simple corde tendue au-devant des chars et des chevaux ou des hommes qui devaient courir, et elle s’appela aphetêria, usplênx.

Le milieu du stade n’était remarquable que par cette circonstance, qu’on y plaçait ordinairement les prix destinés aux vainqueurs. À l’extrémité était un but qui terminait la course des coureurs à pied ; il s’appelait telos, terma, skopos, stathmê. Dans la course des chars, il n’était question que de tourner plusieurs fois autour du but sans s’y arrêter pour regagner ensuite l’autre extrémité de la lice d’où l’on était parti.

En venant d’Olympie, on rencontrait d’abord la barrière des athlètes. Elle avait environ soixante pas de long sur une plus grande largeur : ainsi cette place formait un carré irrégulier. C’est dans cet espace qui précédait la lice que se tenaient les athlètes et les maîtres de lutte pendant la célébration des jeux. Du côté