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Aussi,

   …sous la tutelle invisible d’un ange,
L’enfant déshérité s’enivre de soleil,
Et dans tout ce qu’il boit, et dans tout ce qu’il mange,
Retrouve l’ambroisie, et le nectar vermeil.

Or, il se rencontra une fois des parents pour vouloir, vouloir de toutes leurs forces, devant même qu’il naquît, que leur rejeton s’achevât en poète ; c’était à une époque légendaire où l’on tenait un poète pour quelque chose d’important dans l’état, sous le règne de Boileau encore : l’ancien régime. Les trop bons parents commirent tout ce qui humainement se peut, et leur fils de tout son pouvoir les y aida. Or cela produisit le plus pâteux rimeur, le plus plat, le plus fuligineux, le plus anti-poétique, et qui reste immortel, en effet, de par le ridicule, le pauvre honnête Chapelain : les parents en un sens réussirent : il demeura unique jusqu’à l’autre régime, le nôtre, où hélas si peu de peu de poètes surnagent, parce que pour nulle activité plus ne subsistent d’ouvriers, plus ne subsistent de mains.

Soyez plutôt maçon si c’est votre talent !

Ah, impitoyable et bienfaisant Boileau, tu connus ton métier, ô main respectable ! et plus notre troupeau se précipite, et toujours vers le pire, mieux nous éprouvons par ton exemple, comme prend figure de mission un métier loyalement rempli.

Loyalement ? Dans tout notre divin Moyen Age, un mot sans cesse revient nous rappelant le sculpteur, non, l’artisan Baffier ; ce mot est : loyauté ; apprenti, compagnon ou maître, prêtaient serment d’ouvrer loyalement une matière loyale, et le marchand même jurait de vendre loyalement, et publiquement la corporation brisait l’ouvrage convaincu d’enfreindre cette règle d’honneur. De même le vassal, quel que fût, infime ou bien illustre, son rang, s’engageait à loyalement servir. Servir ! M. Mithouard sut, dans son Traité de l’Occident, faire ressortir la profondeur héroïque de ce mot qui par aujourd’hui révolte cette fièvre d’insubordination maladive que nous osons nommer du grand nom d’égalité ;