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POUR QU’ON LISE PLATON

prompte audace que réclame l’action ». Dès lors, dans ce Sénat ainsi composé, ou il y aura équilibre des éléments contraires, et ce sera comme s’il n’y avait pas de gouvernement ; ou l’un des deux éléments aura la majorité, et le gouvernement sera soit un gouvernement trop faible, soit un gouvernement trop violent.

Il semble donc bien que ce ne soit pas un sénat qui puisse être « le tisserand ». Le seul tisserand possible est un homme bien doué, qui, par sa nature si les dieux l’ont ainsi voulu, par la situation indépendante et supérieure que la naissance ou le mode d’élection lui auront faite, ne sera ni un violent ni un faible et saura se servir adroitement, en les entremêlant selon la science royale, des doux et des forts également placés à sa disposition souveraine.

C’est très évidemment à cette conclusion que tend Platon dans le Politique. Et c’est aussi de cette conception qu’il s’inspire dans les Lois quand il dit, sans s’expliquer assez, qu’il met au premier rang la tyrannie intelligente secondée par un législateur habile, au second rang le gouvernement monarchique (à pouvoirs restreints et « enchaîné par les lois »), au troisième rang « une certaine espèce dé démocratie (celle probablement qui délègue ses pouvoirs à un très petit nombre de chefs), au quatrième l’oligarchie, détestable « parce que c’est