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POUR QU’ON LISE PLATON

pourquoi ils étaient tout à fait tels que je viens de les représenter. »

De ce rêve rétrospectif de Platon il faut retenir deux choses qui auront comme leur répercussion dans ces conceptions et constructions plus ou moins dogmatiques : la nécessité, pour qu’un Etat soit heureux, d’absence de, richesse et d’absence de misère ; la nécessité, pour qu’un Etat soit heureux, qu’il soit endoctriné par des sages qu’on écoute et dont on ne se défie pas.

Et quel a pu être le gouvernement chez ces peuples primitifs ? Il a dû être, comme nécessairement, le patriarcat : « Il me semble que ceux de ces temps-là ne connaissaient point d’autre gouvernement que le patriarcat, dont on voit encore quelques vestiges en plusieurs lieux chez les Grecs et chez les Barbares. Homère dit quelque part que ce gouvernement était celui des Cyclopes. Ils ne tiennent point de conseil en commun ; on ne rend pas chez eux la justice. Ils demeurent dans des cavernes profondes sur le sommet des hautes montagnes, et là chacun donne des lois à sa femme et à ses enfants, se mettant peu en peine de ses voisins. »

Telle fut la première ébauche de gouvernement, et les choses durent rester longtemps dans cet état. Jusqu’à quel temps ? Très évidemment jusqu’à