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Thür, porte), qui a le sens de passage entre deux montagnes[1] ; Pass (passage étroit, défilé ; — lorsqu’un chemin passe à travers) ; cfr. franç. col, fenêtre, pas ; ital. forcolo, forcella ; sella, passo, bocca. Thor désigne aussi des rochers escarpés entre lesquels se trouve un défilé : Hochthor. Lorsqu’il y a un rocher, une colline, en un mot une barrière au milieu de ces portes[2], on leur donne le nom de Riegel (barre ; verrou).

On a dit que les localités nommées Füssen devaient leur nom à leur situation au bas ou pied (Fuss) d’une montagne. Mais ce nom leur vient plutôt de leur situation à l’entrée d’une gorge ou d’un étroit défilé (lat. fauces, gorge ; défilé ; pas ; entrée) : Füssen (dans les Alpes Juliennes, jadis Oppidum Faucense, où fut fondé un monastère nommé Faucense Monasterium), Füssen (sur le Lech), Fussac (en Autriche). Le Piémont (ital. Piemonte, piè di monte) doit son nom à sa situation au pied des Alpes.

  1. Un petit Thor se nomme Thierl et Thörl. La ville de Thorn (anc. Thoren, polon. Torun) située sur la Vistule, doit son nom, à ce qu’il paraît, aux chevaliers de l’ordre teutonique (sic) qui s’ouvrirent en cet endroit la porte (Thor) ou l’entrée du pays des Prussiens. C’est dans cette ville polonaise que naquit Kopernik. La maison qu’il a habitée porte l’inscription suivante : Nicolaus Copernicus Thorunensis, terræ motor, solis cælique stator.
  2. Le mot Pforte (porte ; ouverture, passage ; cfr. lat. porta) n’a pas toujours un sens géographique : il offre un sens métaphorique ou religieux : Himmelpforten (Porta cæli : Himmel, ciel), village du duché de Brême où il y avait jadis un couvent de Bénédictins ; Schul-Pforte (Porte de l’École : Schule, école ; lat. schola). Voy. Appendice M.