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savoir que tous les noms de lieux ont ou ont eu un sens. Il est nécessaire de savoir dans quelle langue il faut chercher ce sens. La première question que l’on doit résoudre est donc relative à l’idiome auquel ces noms appartiennent. Aussi est-ce avec raison qu’une des règles rigoureuses de l’étymologie des noms de lieux prescrit de chercher les éléments constitutifs de ces noms dans la langue des peuples qui se sont succédé dans la contrée.

On peut regarder comme certain que, dans les pays tudesquisés, les noms qui ne sont ni latins ni allemands ni slaves sont celtiques. – Il y a, dans les pays allemands, des noms qui ont évidemment une origine latine (München, Münster). On y trouve aussi de nombreux noms qui sont du pur allemand. Quant aux autres noms, les Allemands sont bien obligés de convenir qu’il faut recourir au celtique. Il y a même un dicton en vogue au-delà du Rhin qui exprime, en ces termes, cette vérité :

Was man nicht deutsch erklären kann,
Das sieht man gleich als Keltisch an.


Noms celtiques romanisés. – Dans un pays qui fut soumis à la conquête du peuple-roi, nous ne devons pas être étonnés de trouver des noms celtiques habillés à la romaine (Mogun-tiac-um, Borbeto-mag-us ; Aquæ Granni ou Aquisgranum). Dans certains cas, le nom celtique a été remplacé par un nom nouveau tiré du latin (Colonia Agrippina, Tabernæ, Confluentes (Coblenz), etc.

Noms celtiques tudesquisés. – Les envahisseurs tudesques ont altéré et vicié les noms propres de la Germanie. Ainsi, de Noviomagus et Rigimagus, ils ont fait Nimwegen et Remagen. Verodunum a été transformé en Würten, mot qui n’offre aucun sens, et qui, ajouté à Berg, a donné le nom de Würtemberg