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Tout cela, néanmoins, est fort douteux. Nous avons montré que les noms géographiques ne proviennent pas de noms patronymiques formés de cette manière. Nous ne pouvons croire, avec ce savant, que Göttingen signifie « la demeure des Gottings (Ibid., p. 20). Max Müller voit dans ce mot un génitif pluriel, et l’on pourrait tout aussi bien y voir un nominatif singulier : Gott-ing-en (= Heim), « la demeure [située auprès] du champ de Dieu. »

Sans doute, on a pu quelquefois ajouter ing au nom d’une localité, pour former un nom de famille. Il aurait pu se faire que Leaming signifiât l’enfant, la race, le peuple de la [rivière], Leam, etc. Mais cela n’est pas prouvé. Ce serait d’ailleurs très bizarre. D’un autre côté, Scholt remarque très bien que ingen a le sens d’extraction ou d’origine, de possession, d’appartenance ou de parenté (die Herkunft oder auch die Angehörigkeit). Mais il traduit ingen par Anwohner (proche voisin, riverain) : Aid-inge (les riverains de la riv. Aid), Us-inge (les riverains de l’Us). Cet érudit est en admiration devant le génie des peuples tudesques qui ont regardé une rivière, une portion de terre, une localité comme le père ou le maître de ses habitants[1]. Bender, de son côté, est en extase en présence de cette découverte (die interessante Bemerkung von Schott). Mais Schott aurait dû comprendre qu’il appartient à un pays habité encore par des Celtes celtisants jusqu’au xe siècle, que le mot ing, dans leur langue, signifiait champ, terre productive, fertile, et que, par conséquent, Aid-inge signifiait « les champs, les terres de l’Aid, » les contrées situées sur les bords de l’Aid, etc.

  1. Es wirft auf die Naturanschauung unserer Ahnen ein helles, freundliches Licht, wenn wir aus dieser Zusammenstellung sehen, wie sie einen Fluß, einen auffallenden Fleck Landes gleichsam als Vater, als Herr der Bewohner betrachteten. Page 29.