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On a dit, il est vrai, que ën est une abréviation catalane qui signifie dominus, ou encore que ën était la terminaison de mossen qui, en languedocien signifie « monsieur. » L’abbé Sauvages s’exprime ainsi à ce sujet : En, dernière syllabe de mossën dont elle était l’abrégé et qui en tenait lieu. On lit dans des actes : ëu, ën Péirë Bermon ; moi, Sr Pierre Bermond. » Puis, ce savant ajoute : L’en était précédé quelquefois d’un d apostrophé, comme ab cossel d’ën Karles, de l’avis du Sr Charles. » (Dict. languedocien). Nous admettons très volontiers cette signification de en. Mais nous ne pensons pas qu’elle doive exclure celle que nous proposons pour les noms de lieux. Dans les actes latins, Pratum d’ën Audemar peut fort bien avoir signifié « le pré de M. Audemar » et « le pré de l’enclos-Audemar. » Nous serions même porté à croire que le mot pratum, employé ici, n’est qu’un équivalent de ën dont on ignora plus tard la signification primitive. En et an ne sont que diverses modifications phonétiques de la racine qui a donné Hain ou de celle que nous offre le subst. Heim[1].

Une autre orthographe française du mot heim se retrouve dans des noms terminés en aing (comme Houtaing et Anvaing) et en ain. Dans les départements de l’est de la France : Dalhain (Meurthe ; nommé Delheim en 1121), Domnon (Meurthe ; se nommait Domenheim en 1217). La même forme se rencontre dans : Hollain, Blandain, Marqain, Lamain, Houtain, Hertain, Jollain.

Dans la Saxe et dans la Frise, le mot heim est souvent changé

    grec βίος, vie). Il y avait jadis un bois de chênes verts ; on trouve encore, en cet endroit, un petit groupe d’individus de cette essence.

  1. D’autres savants ont vu dans le mot en une forme de l’article défini an usité chez les Celtes pour les noms appellatifs. Enfin on peut rattacher le en de certains noms à én, chez.