Page:Fabre d’Envieu - Noms locaux tudesques, deutsche Ortsnamen, 1885.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 206 —

laer se rattache au vieux verbe flamand laeren (laisser, abandonner, perdre), dont on retrouve la trace dans le verbe verlieren (perdre, être privé de), dans le verbe français « lairrer, » employé jadis pour « laisser » (all. lassen, laisser, omettre, quitter, abandonner, perdre) et dans l’adj. allemand leer (qui ne contient rien, vide)[1]. Le mot lar a pris ensuite le sens de Feld (champ cultivé), parce que le terrain dépouillé de ses broussailles et vidé ou nettoyé des herbes et des arbres fut livré à la culture.

Larbach (ruisseau vide ; — ruisseau du terrain en friche, etc.) ; Le Lart (Pas-de-Calais) ; — Laer, Laerwald ; — Leerdam (la chaussée du pays en friche), Leerort, Leerwick, Leers (Nord) ; — Leeren, Lerne (terrain vague), commune de Belgique ; — Lier, Liere ; Lières ( Pas-de-Calais), Lierettes (Pas-de-Calais), Lierres (Eure)[2] ; Lohr, Lohrbach, Lohrensdorf, Lohrheim, Lorich, Lorig, Löhrhof, Lorsbach, Lorscheid ;

  1. Leo (Ferienschriften) rattache le mot lor à lar, laare qui, en gaélique et dans le dialecte de Man, signifient sol, terrain. Grandgagnage trouve que ce sens est trop général pour servir de désignation à un endroit déterminé. Mais on peut lui répondre que c’est avec des noms pris dans un sens général que l’on forme les noms propres individuels. Ainsi les habitants de nos campagnes désignent leur village, leur chef-lieu de canton, la rivière voisine, en disant tout simplement : la bilo (la ville), la ribiéiro, etc.

    C’est l’idée du défrichement, du vide fait dans les broussailles et dans les forêts qui a donné au radical lar le sens de « terrain cultivé » et de « lieu habité : » En irlandais et en écossais lâr, gallois lawr, kymr. laur, bas bret. laur, llaur, leur, ler signifient sol, terrain (fundus, solum patrium). En grec moderne λαύρα a le sens de quartier d’une ville et de monastère.

    Laron peut signifier ad domicilia.

  2. La forme lier se trouve en Artois, dans la province de Namur et en Hollande : Lieroort, en Frise ; Lierhove, etc.