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sur une élévation. La promenade la plus fréquentée de Berlin se nomme Unter den Linden (sous les tilleuls).

La même racine paraît se trouver aussi dans les noms suivants : La Linde (Dordogne), Le Lindois (Charente), Lindebeuf (Seine-Inférieure), Limbœuf (Eure), jadis Lindebue ; Lindelade (Flandre occidentale : de Lade, charpente ; Laden, boutique, magasin).

Quelquefois, lind se rapporte au mot vieux haut all. lint (anglo-sax. lid, v. norr. linn), auj. Lindwurm (de lind, flexible ; Wurm, ver), reptile, serpent ; dragon. Ce monstre était nommé « serpent ou dragon du tilleul, » parce que Siegfried l’avait, disait-on, tué sous cet arbre.

Limburg (jadis Lintburg, Lindpurg), offrirait un nom qui a été traduit par Drachenburg (le château du dragon : Drache). Mais c’est à tort, ainsi que nous l’avons vu, que l’on a donné à Lindau, la « Venise de la Souabe, » le sens de (Schlangenau, Schlange, serpent).

Le tilleul est nommé, en armoricain, til, en irlandais teile, mots qui désignent une substance souple avec laquelle on fait des cordes et des nattes, l’aubier du tilleul. Nous expliquerions par ce radical le nom de Dillingen (champ des tilleuls). Mais ce nom peut se rallacher au v. h. all. tillen (détruire) et signifier un lieu défriché. On peut aussi dériver Dillingen de Dill, Dille, aneth fétide.

Erle, aune. Ce mot sert de préfixe à plusieurs noms de lieux. Erlach (= Erlengebüsch ; — ou abondant en aunes), Erlangen, Erlau (pré des aunes), Erlbach, Erlebach, Erlesdorf, Erlingen. — Dans les Pays-Bas : Harlem (pour haerl-hem, l’habitation des aunes), Harlingen, Herlaar, Harlebecke (ruisseau des aunes[1].

  1. On a traduit à tort Erlkönig, nom d’un célèbre personnage fantastique, par l’expression « roi des aunes, » en rapportant ce