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iii

rébarbative. Mais on pouvait répondre à Wolfgang von Gœthe que la prétendue ignorance des Français ne les avait pas empêchés de parcourir en vainqueurs tous les États du fameux empire romano-tudesque. Les Français ont su aller à Iéna et même à Berlin, et nous pouvons ajouter — c’est notre credo patriotique et national — qu’ils sauront bien retrouver un jour les chemins qui les y ont conduits.

Du reste, quoi qu’on en ait dit, les Français possédaient, aussi bien que les Allemands, les connaissances géographiques que l’on peut raisonnablement exiger de la classe lettrée, et nous avions des spécialistes qui pouvaient se mesurer avec les célébrités géographiques de l’Allemagne. Nous savons très bien, du reste, que l’on trouve, dans ce pays, un enseignement très remarquable de la géographie, mais nous savons aussi que la Prusse a des rivaux, et que la France, l’Autriche et l’Angleterre lui disputent le premier rang[1].

  1. On a fait aussi à notre nation la réputation d’être casanière, et cependant après la nation anglaise, qui est, quoi qu’on en dise, beaucoup plus celtique que saxonne, la France est le pays qui a toujours fourni le plus de voyageurs. Depuis quatre cents ans, elle a produit de hardis pionniers de la civilisation, des missionnaires et des colons, qui se sont lancés dans les forêts et chez les sauvages de l’Amérique, dans les Indes et dans toutes les contrées du monde. Ces Français-là savaient des géographies que les Allemands ne savent pas. Aujourd’hui encore la France n’envoie-t-elle pas des explorateurs en Algérie, en Tunisie, à Madagascar, au Sénégal, sur le Niger et dans la vallée du Congo ? Les Allemands ont-ils des voyageurs dont les travaux puissent être comparés à ceux d’un de Lesseps ? Ont-ils un homme qui, comme le capitaine Roudaire (dont le nom, écrit en languedocien roudaïré, signifie rôdeur), ait