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années où les rois nous opprimoient, comme un temps où nous avions vécu. Les préjugés du trône & de l’église, les mensonges de l’un & de l’autre, souilloient chaque page du calendrier dont nous nous servions. Vous avez réformé ce calendrier, vous lui en avez substitué un autre, où le temps est mesuré par des calculs plus exacts & plus symétriques ; ce n’est pas assez. Une longue habitude du calendrier grégorien, a rempli la mémoire du peuple d’un nombre considérable d’images qu’il a longtemps révérées, & qui sont encore aujourd’hui la source de ses erreurs religieuses ; il est donc nécessaire de substituer à ces visions de l’ignorance, les réalités de la raison, & au prestige sacerdotal, la vérité de la nature. Nous ne concevons rien que par des images : dans l’analyse la plus abstraite, dans la combinaison la plus métaphysique, notre entendement ne se rend compte que par des images ; notre mémoire ne s’appuie & ne se repose que sur des images. Vous devez donc en appliquer à votre nouveau calendrier, si vous voulez que la méthode & l’ensemble de ce calendrier pénètrent avec facilité dans l’entendement du peuple & se gravent avec rapidité dans son souvenir.

Ce n’est pas seulement à ce but que vous devez tendre : vous ne devez, autant qu’il est en vous, laisser rien pénétrer dans l’entendement du peuple, en matière d’institution, qui ne porte un grand caractère d’utilité publique. Ce vous doit être une heureuse occasion à saisir que de ramener par le calendrier, livre le plus usuel de tous, le peuple français à l’agriculture. L’agriculture est l’élément politique d’un peuple tel que nous, que la terre, le ciel & la nature regardent avec tant d’amour & de prédilection.

Lorsqu’à chaque instant de l’année, du mois, de la