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sans pénétrer jusqu’à l’intérieur, où la paroi doit rester unie pour la commode installation de la larve. Un peu de crépi adoucit au besoin les gibbosités intérieures. Avec le travail des moellons, solidement scellés, alterne le travail au mortier pur, dont chaque assise nouvelle reçoit son revêtement de petits cailloux incrustés. À mesure que l’édifice s’élève, le constructeur incline un peu l’ouvrage vers le centre et ménage la courbure d’où résultera la forme sphérique. Nous employons des échafaudages cintrés où repose, pendant la construction, la maçonnerie d’une voûte ; plus hardi que nous, l’Eumène bâtit sa coupole sur le vide.

Au sommet, un orifice rond est ménagé ; et sur cet orifice s’élève, construite en pur ciment, une embouchure évasée. On dirait le gracieux goulot de quelque vase étrusque. Quand la cellule est approvisionnée et l’œuf pondu, cette embouchure se ferme avec un tampon de ciment ; et dans ce tampon est enchâssé un petit caillou, un seul, pas plus : le rite est sacramentel. Cet ouvrage d’architecture rustique n’a rien à craindre des intempéries ; il ne cède pas à la pression des doigts, il résiste au couteau qui tenterait de l’enlever sans le mettre en pièces. Sa forme mamelonnée, les graviers dont son extérieur est tout hérissé, rappellent à l’esprit certains cromlechs des temps antiques, certains tumulus dont le dôme est parsemé de blocs cyclopéens.

Tel est l’aspect de l’édifice quand la cellule est isolée ; mais presque toujours, à son premier dôme, l’hyménoptère en adosse d’autres, cinq, six et davantage ; ce qui abrège le travail en permettant d’utiliser la même cloison pour deux chambres contiguës. L’élégante régularité du début disparaît, et le tout