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struisent en plein air, tantôt sur le roc, tantôt sur le branlant appui d’un rameau. La chasse alterne avec l’architecture ; l’insecte est tour à tour Vitruve ou Nemrod.

Et d’abord, en quels lieux ces bâtisseurs font-ils élection de domicile ? Si vous passez devant quelque petit mur de clôture, exposé au midi, dans un abri sénégalien, regardez une à une les pierres non enduites de crépi, les plus volumineuses surtout ; examinez les blocs de rochers peu élevés au-dessus du sol et chauffés par les ardeurs du soleil jusqu’à la température d’une salle d’étuve, et peut-être, les recherches ne se lassant pas, arriverez-vous à trouver l’édifice de l’Eumène d’Amédée. L’insecte est rare, il vit isolé ; sa rencontre est un événement sur lequel il ne faut pas trop compter. C’est une espèce africaine, amie de la chaleur qui mûrit le caroube et la datte. Ses lieux de prédilection sont les endroits le mieux ensoleillés ; ses emplacements pour le nid sont les rochers et la pierre inébranlables. Il lui arrive aussi, mais rarement, d’imiter le Chalicodome des murailles et de bâtir sur un simple galet.

Beaucoup plus répandu, l’Eumène pomiforme est assez indifférent sur la nature du support où doit s’édifier la cellule. Il bâtit sur les murs, sur la pierre isolée, sur le bois à la face intérieure des contrevents à demi fermés ; ou bien il adopte une base aérienne, menu rameau d’arbuste, brin desséché d’une plante quelconque. Tout appui lui est bon. L’abri non plus ne le préoccupe. Moins frileux que son congénère, il ne fuit pas les lieux non protégés, en plein vent.

S’il est établi sur une surface horizontale, où rien ne