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pareilles de tous points à celles de la larve des Sitaris. Sous leur première forme, les Méloés sont parasites des Anthophores ; l’animalcule, tel qu’il sort de l’œuf, se fait porter dans la cellule par l’hyménoptère dont les provisions doivent le nourrir.

Observée au milieu du duvet de divers hyménoptères, la bizarre bestiole mit longtemps en défaut la sagacité des naturalistes qui, méconnaissant sa véritable origine, en firent une espèce ou un genre particulier des insectes aptères. C’était le Pou des Abeilles (Pediculus apis) de Linné ; le Triungulin des Andrènes (Triungulinus Andrenetarum) de L. Dufour. On y voyait un parasite, une sorte de pou, vivant dans la toison des récolteurs de miel. Il était réservé à l’illustre naturaliste anglais Newport de démontrer que ce prétendu pou est le premier état des Méloés. Des observations qui me sont propres combleront quelques lacunes dans la mémoire du savant anglais. Je donnerai donc une notice de l’évolution des Méloés, en me servant du travail de Newport, là où mes propres observations font défaut. Ainsi seront comparés les Sitaris et les Méloés, de mœurs et de transformations pareilles ; et de cette comparaison jaillira quelque lumière sur les étranges métamorphoses de ces insectes.

La même abeille maçonne (Anthophora pilipes) aux dépens de laquelle vivent les Sitaris, nourrit aussi dans ses cellules quelques rares Méloés (Meloe cicatricosus). Une seconde Anthophore de ma région (Anthophera parietina) est plus sujette aux invasions de ce parasite. C’est encore dans les nids d’une Anthophore, mais d’espèce différente (Anthophora retusa), que Newport a observé le même Méloé. Cette triple demeure adoptée