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XVI

LA LARVE PRIMAIRE DES MÉLOÉS


Je suspends l’histoire des Sitaris pour parler des Méloés, disgracieux scarabées, à lourde bedaine, dont les élytres mous bâillent largement sur le dos comme les basques d’un habit trop étroit pour la corpulence de celui qui le porte. Déplaisant de coloration, le noir où parfois se marie le bleu, plus déplaisant encore de formes et d’allures, l’insecte, par son dégoûtant système de défense, ajoute à la répugnance qu’il nous inspire. S’il se juge en danger, le Méloé a recours à des hémorragies spontanées. De ses articulations suinte un liquide jaunâtre, huileux, qui tache et empuantit les doigts. C’est le sang de la bête. Les Anglais, pour rappeler ces hémorragies huileuses de l’insecte en défense, appellent le Méloé Oil beetle, le Scarabée à huile. Ce coléoptère serait donc sans grand intérêt si ce n’étaient ses métamorphoses et les pérégrinations de sa larve,