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naître, la larve l’éventre, et de plusieurs jours ne change de place. Son évolution s’effectue dès lors sans entraves, pourvu que la cellule soit à l’abri d’une évaporation trop prompte, qui en dessécherait le miel et le rendrait impropre à sa nutrition. L’œuf de l’Anthophore est donc absolument nécessaire à la larve de Sitaris, non pas simplement comme esquif, mais encore comme première nourriture. C’est là tout le secret qui, faute de m’être connu, avait jusqu’ici rendu vaines mes tentatives pour élever les larves écloses dans mes flacons.

Au bout de huit jours, l’œuf épuisé par le parasite ne forme plus qu’une pellicule aride. Le premier repas est achevé. La larve de Sitaris, dont les dimensions ont à peu près doublé, s’ouvre alors sur le dos ; et, par une fente qui embrasse la tête et les trois segments thoraciques, un corpuscule blanc, seconde forme de cette singulière organisation, s’échappe pour tomber à la surface du miel, tandis que la dépouille abandonnée reste cramponnée au radeau qui a sauvegardé la larve et l’a nourrie jusqu’ici. Bientôt cette double dépouille du Sitaris et de l’œuf, disparaîtra, submergée sous les flots de miel que va soulever la nouvelle larve. Ici se termine l’histoire de la première forme qu’affectent les Sitaris.

En résumant ce qui précède, on voit que l’étrange animalcule attend, sans nourriture, pendant sept mois, l’apparition des Anthophores, et s’attache enfin aux poils du corselet des mâles, qui sortent les premiers et passent inévitablement à sa portée en traversant leurs couloirs. De la toison du mâle, la larve passe, trois ou quatre semaines après, dans celle de la femelle, au