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larve blanche comme la précédente, mais plus ventrue et de forme fort différente ; tantôt, enfin, c’est du miel avec un œuf flottant à la surface. Le miel est liquide, gluant, d’une couleur brunâtre et d’une odeur forte, repoussante. L’œuf est d’un beau blanc, cylindrique, un peu courbé en haut, d’une longueur de 4 à 5 millimètres, sur une largeur qui n’atteint pas tout à fait un millimètre ; c’est l’œuf de l’Anthophore.

Dans quelques cellules, cet œuf nage seul à la surface du miel ; dans d’autres, fort nombreuses, on voit, établie sur l’œuf de l’Anthophore, comme sur une espèce de radeau, une jeune larve de Sitaris avec la forme et les dimensions que j’ai décrites plus haut, c’est-à-dire avec la forme et les dimensions que l’animalcule possède au sortir de l’œuf. Voilà l’ennemi dans le logis.

Quand et comment s’y est-il introduit ? Dans aucune des cellules où je l’observe, il ne m’est possible de distinguer une fissure qui lui ait permis d’entrer ; elles sont toutes closes d’une façon irréprochable. Le parasite s’est donc établi dans le magasin à miel avant que ce magasin fût fermé ; d’autre part, les cellules ouvertes et pleines de miel, mais encore sans l’œuf de l’Anthophore, sont constamment sans parasite. C’est donc pendant la ponte ou après la ponte, quand l’Anthophore est occupée à maçonner la porte de la cellule, que la jeune larve s’y introduit. Il est impossible de décider expérimentalement à laquelle de ces deux époques il faut rapporter l’introduction des Sitaris dans la cellule ; car, quelque pacifique que soit l’Anthophore, il est bien évident qu’on ne peut songer à être témoin de ce qui se passe dans sa cellule au mo-