Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses rapides évolutions au milieu des fleurs, malgré le frottement contre les parois des galeries quand il y pénètre pour s’y abriter, et surtout malgré les coups de brosse qu’il doit se donner assez souvent avec les pattes, pour s’épousseter, se lustrer. De là, sans doute, la nécessité de cet appareil étrange qu’une station et une locomotion sur des surfaces ordinaires ne sauraient expliquer, comme il a été dit plus haut, lorsqu’on s’est demandé quel pouvait être le corps si mobile, si vacillant, si plein de dangers, où la larve devait s’établir plus tard. Ce corps, c’est un poil d’un hyménoptère, qui fait mille courses rapides, qui tantôt plonge dans ses étroites galeries, tantôt pénètre avec violence dans la gorge étranglée d’une corolle et ne reste en repos que pour se brosser avec les pattes, se débarrasser des grains de poussière recueillis par le duvet qui le recouvre.

On comprend très bien maintenant l’utilité du croissant exsertile dont les deux cornes, en se rapprochant, peuvent saisir un poil mieux que ne le ferait la pince la plus délicate ; on voit toute l’opportunité de la glu tenace qu’au moindre danger l’anus fournit pour arrêter l’animalcule dans une chute imminente ; on se rend compte enfin du rôle utile que peuvent remplir ici les cirrhes élastiques des hanches et des pattes, véritable superfluité très embarrassante pour la marche sur un plan uni, mais qui, dans le cas actuel, pénètrent comme autant de sondes dans l’épaisseur du duvet de l’Anthophore, et servent à maintenir la larve de Sitaris pour ainsi dire à l’ancre. Plus on réfléchit à cette organisation modelée en apparence par un caprice aveugle, lorsque la larve se traîne péniblement sur un plan uni, et plus on est pénétré