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sur le corps de l’animal qui les nourrit. Il n’en est rien cependant. Les jeunes Sitaris, implantés au milieu des poils, perpendiculairement au corps de l’Anthophore, la tête en dedans, l’arrière en dehors, ne remuent plus du point qu’ils ont choisi et qui se trouve dans le voisinage des épaules de l’abeille. On ne les voit pas errer d’un point à un autre pour explorer le corps de l’Anthophore et en rechercher les parties où les téguments ont plus de délicatesse, comme ils ne manqueraient pas de le faire si réellement ils puisaient quelque nourriture dans les sucs de l’hyménoptère. Au contraire, presque toujours fixés sur la partie la plus résistante, la plus dure du corps de l’abeille, sur le thorax, un peu au-dessous de l’insertion des ailes, ou plus rarement sur la tête, ils gardent une complète immobilité, et se tiennent fixés au même poil, à l’aide des mandibules, des pattes, du croissant fermé du huitième segment, enfin à l’aide de la glu du bouton anal. S’ils viennent à être troublés dans cette position, ils gagnent à regret un autre point du thorax, en s’ouvrant un passage à travers sa fourrure, et finissent par se fixer à un autre poil, comme ils l’étaient avant.

Pour mieux me convaincre encore que les jeunes larves de Sitaris ne se nourrissent pas aux dépens du corps de l’Anthophore, j’ai mis quelquefois à leur portée, dans un flacon, des hyménoptères morts depuis longtemps et complètement desséchés. Sur ces cadavres arides, bons tout au plus à ronger, mais où il n’y avait assurément rien à sucer, les larves de Sitaris ont gagné la position habituelle et y sont restées immobiles comme sur l’insecte vivant. Elles ne puisent donc rien