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sur une espèce de trépied que forment le bouton anal et les deux cirrhes du dernier segment. Si l’on observe le mode de locomotion de l’animal sur une lame de verre, on peut tenir la lame dans une position verticale, la renverser même sens dessus dessous, la secouer légèrement sans que la larve se détache et tombe, retenue qu’elle est par l’humeur agglutinative du bouton anal.

S’il faut avancer sur un plan où une chute n’est pas à craindre, la microscopique bête emploie un autre procédé. Elle recourbe l’abdomen, et lorsque les deux pointes du huitième segment, alors pleinement étalées, ont trouvé un point d’appui solide en labourant, pour ainsi dire, le plan de locomotion, elle s’appuie sur cette base et se porte en avant, en dilatant les diverses articulations abdominales. Ce mouvement en avant est d’ailleurs favorisé par le jeu des pattes, qui sont loin de rester inactives. Cela fait, elle jette l’ancre avec les puissants onglets de ses pattes ; l’abdomen se contracte, ses divers anneaux se resserrent, et l’anus, tiré en avant, prend de nouveau appui, à l’aide des deux pointes, pour commencer la seconde de ces curieuses enjambées.

Au milieu de ces manœuvres, les cirrhes des hanches et des cuisses traînent sur le plan d’appui, et par leur longueur, leur élasticité, ne paraissent propres qu’à entraver la marche. Mais ne nous hâtons pas de conclure à une inconséquence : le moindre des êtres est approprié aux conditions au milieu desquelles il doit vivre ; il est à croire que ces filaments, loin d’entraver l’animalcule en marche, doivent, dans les circonstances normales, lui être de quelque secours.

Le peu que nous venons d’apprendre nous montre