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dans leur intérieur et à peine protégées contre les ennemis du dehors par de minces cloisons de terre. Les larves de l’Osmie savent, en effet, s’enfermer dans un cocon ovoïde, d’un brun foncé, très solide, qui les met à la fois à l’abri du rude contact de leurs cellules informes et des mandibules de parasites voraces, Acariens, Clairons, Anthrènes, ennemi multiple qu’on trouve rôdant dans les galeries, quaerens quem devoret. C’est au moyen de cette balance entre les talents de la mère et ceux de la larve que l’Osmie et l’Anthophore échappent, dans leur premier âge, à une partie des dangers qui les menacent. Il est donc facile de connaître, dans le banc exploité, ce qui appartient à chacun des deux hyménoptères, par la situation et la forme des cellules, enfin par le contenu de ces dernières, consistant, pour l’Anthophore, en une larve nue, et pour l’Osmie, en une larve incluse dans un cocon.

En ouvrant un certain nombre de ces cocons, on finit par en trouver qui, au lieu de la larve de l’Osmie, contiennent chacun une nymphe de forme étrange. Ces nymphes, à la plus légère secousse de leur habitacle, se livrent à des mouvements désordonnés, fouettent de l’abdomen les parois de leur demeure qu’elles ébranlent et font entrer dans une sorte de trépidation. Aussi, laissant même le cocon intact, est-on averti de leur présence par un sourd frôlement qui se fait entendre à l’intérieur de la loge de soie lorsqu’on vient à la remuer.

L’extrémité antérieure de cette nymphe est façonnée en espèce de boutoir armé de six robustes épines, soc multiple éminemment propre à fouiller la terre. Une double rangée de crochets règne sur l’anneau dorsal des