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Osmies ont la tête dirigée vers le haut, elles attaquent la cloison supérieure, ainsi que cela se passe dans les conditions normales ; si elles ont la tête dirigée vers le bas, elles se retournent dans leurs loges et travaillent comme à l’ordinaire. En somme, l’élan général pour la sortie est vers le haut, dans quelque position que le cocon soit mis.

Il y a là en jeu manifestement l’influence de la pesanteur, qui avertit l’insecte de sa position renversée et le fait retourner, comme elle nous avertirait nous-mêmes si nous nous trouvions la tête en bas. Dans les conditions naturelles, l’insecte n’a qu’à suivre les avis de la pesanteur, qui lui dit de creuser en haut, et il arrivera infailliblement à la porte de sortie, située au bout supérieur. Mais dans mes appareils, ces mêmes avis le trahissent ; il se dirige vers le haut, où ne se trouve pas d’issue. Ainsi fourvoyées par mes supercheries, les Osmies périssent, amoncelées dans les étages supérieurs et ensevelies dans les décombres.

Il arrive cependant que des tentatives sont faites pour se frayer un chemin par en bas. Mais dans cette direction, il est rare que le travail aboutisse, surtout pour les loges de la région moyenne ou supérieure. L’insecte a peu de tendance à cette marche inverse de celle qui lui est habituelle ; d’ailleurs, une grave difficulté surgit dans ce forage à contresens. À mesure que l’Abeille rejette en arrière d’elle les matériaux extraits, ceux-ci, par leur propre poids, retombent sous les mandibules, et le déblai est à recommencer. Exténuée par cette besogne de Sisyphe, peu confiante dans un moyen si exceptionnel, l’Osmie se résigne et