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Cette configuration de la porte de sortie est inhérente au travail. L’insecte, quand il essaye d’attaquer le diaphragme, creuse d’abord un peu au hasard, puis, à mesure que le forage progresse, l’action se concentre sur une aire qui se rétrécit jusqu’à n’offrir que tout juste le passage nécessaire. Aussi le pertuis conique n’est-il pas spécial à l’Osmie ; je l’ai vu pratiquer par les autres habitants de la ronce à travers mes épaisses rondelles en moelle de sorgho. Dans les conditions naturelles, les cloisons, fort minces d’ailleurs, sont détruites de fond en comble, car le rétrécissement supérieur de la cellule ne laisse guère que le large nécessaire à l’insecte. La brèche en cône tronqué m’a été souvent très utile. Sa large base me permettait, sans avoir assisté au travail, de juger laquelle des deux Osmies voisines avait perforé la cloison ; elle m’indiquait dans quel sens s’était opéré un déménagement nocturne, dont je n’avais pu être témoin.

L’Osmie la première éclose, ici ou là, a troué son plafond. La voici en présence du cocon qui suit, la tête à l’orifice du pertuis. Pleine de scrupule devant ce berceau de l’une de ses sœurs, habituellement elle s’arrête ; elle recule dans sa loge, s’y démène au milieu des lambeaux de cocon et des plâtras du plafond effondré ; elle attend un jour, deux jours, trois jours et plus s’il le faut. Si l’impatience la gagne, elle essaye de se couler entre la paroi du canal et le cocon qui lui barre le chemin. Un travail d’érosion est même entrepris, avec ténacité, pour agrandir s’il se peut l’intervalle. Dans le canal d’une ronce, on reconnaît semblables tentatives en des points où la moelle est enlevée jusqu’au bois, où l’enceinte ligneuse est elle-même assez profondément