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pour sujet d’expérience principale. Elle avait neuf lignes de long, mesurée des mandibules aux filières. Saisie entre les doigts du côté du dos, par les pattes ployées et ramassées ensemble (c’est ainsi qu’il faut prendre les Aranéides vivantes, pour éviter leurs piqûres et s’en rendre maître sans les mutiler), je la posai sur différents objets, sur mes vêtements, sans qu’elle manifestât la moindre envie de nuire ; mais à peine appuyée sur la peau nue de mon avant-bras, elle en saisit un pli entre ses robustes mandibules d’un vert métallique, et y enfonça profondément ses crochets. Quelques instants elle y resta suspendue quoique laissée libre ; puis elle se détacha, tomba et s’enfuit, laissant à deux lignes de distance l’une de l’autre, deux petites plaies rouges, mais à peine saignantes, un peu ecchymosées au pourtour, et comparables à celles que produirait une forte épingle. »

« Dans le moment de la morsure, la sensation fut assez vive pour mériter le nom de douleur, et se prolongea pendant cinq à six minutes encore, mais avec moins de force. J’aurais pu la comparer à celle que produit l’ortie dite brûlante. Une élévation blanchâtre entoura presque sur-le-champ les deux piqûres, et le pourtour, dans une étendue d’un pouce de rayon à peu près, se colora d’une rougeur érysipélateuse, accompagnée d’un très léger gonflement. Au bout d’une heure et demie, tout avait disparu, sauf la trace de piqûres, qui persista plusieurs jours comme aurait fait toute autre petite blessure. C’était au mois de septembre, et par un temps un peu frais. Peut être les symptômes eussent-ils offert quelque peu plus d’intensité dans une saison plus chaude. »