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autres ne peuvent l’ignorer. Malheur donc à l’imprudent qui se présenterait sur le seuil d’une Araignée à peu près d’égale force.

Des divers exemples recueillis sur cette prudente réserve du chasseur d’Araignées, je me bornerai au suivant, qui suffit pour ma démonstration. — En rapprochant, par des liens de soie, les trois folioles qui composent la feuille du Cytise de Virgile, une Araignée s’était construit un berceau de verdure, un étui horizontal, ouvert aux deux bouts. Un Pompile en recherches survient, trouve le gibier à sa convenance et met la tête à l’entrée du logis. L’Araignée aussitôt recule à l’autre bout. Le chasseur contourne la demeure et reparaît à la seconde porte. Nouveau recul de l’Araignée, qui revient à la première entrée. L’hyménoptère y revient aussi, mais toujours par le dehors. À peine y est-il, que l’Araignée décampe vers l’ouverture opposée ; et ainsi de suite, pendant un gros quart d’heure, allant et revenant tous les deux d’un bout à l’autre du cylindre, l’Araignée à l’intérieur, le Pompile à l’extérieur.

La proie était de valeur, paraît-il, car l’hyménoptère persista longtemps dans ses tentatives, toujours déjouées ; il fallut cependant y renoncer, ce perpétuel jeu de navette déroutant le chasseur. Le Pompile partit, et l’Araignée, remise de l’alerte, attendit patiemment les moucherons étourdis. Que fallait-il à l’hyménoptère pour s’emparer de ce gibier si convoité ? Il fallait pénétrer dans le cylindre de verdure, dans l’habitacle de l’Araignée, et poursuivre celle-ci directement, chez elle, au lieu de se maintenir au dehors, allant d’une porte à la porte opposée. Avec une prestesse, une dexté-