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ment reliées avec de la soie, toutes aussi ont même ampleur que le canal souterrain, dont elles sont le prolongement. Il n’y a pas ici d’inégalité de diamètre entre le manoir sous terre et son bastion avancé ; il n’y a pas, à l’orifice, cette plate-forme que la tourelle laisse libre pour le développement des pattes de la Tarentule italienne. Un puits, directement surmonté par sa margelle, voilà l’œuvre de la Tarentule à ventre noir.

Si le sol est terreux, homogène, le type architectural n’a pas d’entraves, et la demeure de l’Aranéide est un tube cylindrique ; mais si l’emplacement est caillouteux, la forme est modifiée suivant les exigences des fouilles. Dans ce dernier cas, le repaire est souvent un antre grossier, sinueux, sur la paroi duquel font saillie çà et là les blocs pierreux contournés par l’excavation. Régulier ou irrégulier, le manoir est crépi jusqu’à une certaine profondeur d’un enduit de soie, qui prévient les éboulements et facilite l’escalade au moment d’une prompte sortie.

Baglivi, dans son naïf latin, nous enseigne la manière de prendre la Tarentule. Je suis devenu son rusticus insidiator ; j’ai agité à l’entrée du terrier l’épillet d’une graminée pour imiter le murmure d’une abeille, et attirer l’attention de la Lycose, qui s’élance au dehors croyant saisir une proie. Cette méthode ne m’a pas réussi. L’Araignée quitte, il est vrai, ses appartements reculés et remonte un peu dans le tube vertical pour s’informer de ce qui bruit à sa porte ; mais la bête rusée a bientôt éventé le piège ; elle reste immobile à mi-hauteur ; puis, à la moindre alerte, elle redescend dans la galerie coudée, où elle est invisible.