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l’intérieur du terrier. Il est facile de concevoir combien ce revêtement si habilement fabriqué doit être utile, et pour prévenir les éboulements, les déformations, et pour l’entretien de la propreté, et pour faciliter aux griffes de la Tarentule l’escalade de sa forteresse.

« J’ai laissé entrevoir que ce bastion du terrier n’existait pas toujours ; en effet, j’ai souvent rencontré des trous de Tarentule où il n’y en avait pas de traces, soit qu’il eût été détruit accidentellement par le mauvais temps, soit que la Lycose ne rencontrât pas toujours des matériaux pour sa construction, soit enfin parce que le talent de l’architecte ne se déclare peut-être que dans les individus parvenus au dernier degré, à la période de perfection de leur développement physique et intellectuel.

« Ce qu’il y a de certain, c’est que j’ai eu de nombreuses occasions de constater ces tuyaux, ces ouvrages avancés de la demeure de la Tarentule ; ils me représentent en grand les fourreaux de quelques Friganes. L’aranéide a voulu atteindre plusieurs buts en les construisant : elle met son réduit à l’abri des inondations, elle le prémunit contre la chute des corps étrangers qui, balayés par le vent, finiraient par l’obstruer ; enfin elle s’en sert comme d’une embûche en offrant aux mouches et autres insectes dont elle se nourrit un point saillant pour s’y poser. Qui nous dira toutes les ruses employées par cet adroit et intrépide chasseur ?

« Disons maintenant quelque chose sur les chasses assez amusantes de la Tarentule. Les mois de mai et juin sont la saison la plus favorable pour les faire. La première fois que je découvris les clapiers de cette aranéide et que je constatai qu’ils étaient habités, en l’a-