Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

convenable ? Les cellules sont de volume à peu près constant, mais elles ne sont pas remplies en entier, seulement aux deux tiers environ. Un large vide est donc laissé, et l’approvisionneuse doit juger du moment où le niveau de la pâtée s’élève assez. Par sa complète opacité, le miel dérobe au regard son épaisseur. Une sonde m’est nécessaire quand je veux jauger le contenu du pot, et je trouve en moyenne une épaisseur de dix millimètres. L’hyménoptère n’a pas cette ressource ; il a la vue qui, d’après la partie vide, peut renseigner sur la partie pleine. Cela suppose un coup d’œil quelque peu géométrique, apte à discerner le tiers d’une longueur. Si l’insecte se guidait par la science d’Euclide, ce serait bien beau de sa part. Quelle preuve superbe en faveur de sa petite raison : un Chalicodome avoir le coup d’œil du géomètre et partager une ligne en trois ! Cela mérite sérieuse information.

Cinq cellules approvisionnées, mais incomplètement, sont vidées de leur miel avec un tampon de coton au bout des pinces. De temps à autre, à mesure que l’hyménoptère apporte de nouvelles provisions, je renouvelle le curage, tantôt mettant le récipient à sec, tantôt lui laissant une mince couche. Je ne vois pas d’hésitation bien prononcée chez mes dévalisées, bien qu’elles me surprennent au moment où je taris le pot ; d’un zèle tranquille, elles continuent leur travail. Parfois des filaments de coton restent empêtrés sur les parois des cellules ; elles les enlèvent avec soin, et vont, d’un vol fougueux, les rejeter à distance, suivant l’usage. Finalement, un peu plus tôt, un peu plus tard, la ponte se fait et le couvercle est mis.

J’effractionne les cinq cellules closes. Dans l’une