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l’heure, nous l’avons vu retirer et rejeter au loin un pareil soliveau.

Il le pourrait et ne le fait. Il clôt la cellule, il maçonne le couvercle, il scelle la paille dans l’épaisseur du mortier. D’autres voyages sont faits, assez nombreux, pour le ciment nécessaire à la consolidation de l’opercule. Chaque fois, la maçonne applique la matière avec les soins les plus minutieux sans se préoccuper de la paille. J’obtiens ainsi, coup sur coup, huit cellules closes dont le couvercle est surmonté d’un mât, bout de la paille qui déborde. Quelle preuve d’un obtus intellect !

Ce résultat mérite examen attentif. Au moment où j’implante ma solive, l’insecte a les mandibules occupées ; elles tiennent la pelote de mortier destinée à la clôture. L’outil d’extraction n’étant pas libre, l’extraction ne se fait pas. Je m’attendais à voir l’abeille abandonner son mortier et procéder alors à l’enlèvement de la pièce encombrante. Une truelle de mortier de plus ou de moins n’est pas grave affaire. J’avais déjà reconnu que pour en cueillir une, il faut à mes Chalicodomes un voyage de trois à quatre minutes. Les voyages pour le pollen durent davantage, de dix à quinze minutes. Jeter là sa pelote, happer la paille avec les mandibules maintenant libres, l’enlever, récolter nouvelle provision de ciment, c’était en tout une perte de cinq minutes au plus. L’insecte en a décidé autrement. Il ne veut, il ne peut abandonner sa pelote ; et il l’utilise. La larve périra de ce coup de truelle intempestif, n’importe : c’est le moment de murer la porte, et la porte est murée. Une fois les mandibules libres, l’extraction pourrait se tenter, dut le couvercle